Archive 2010

Rencontre au sommet

Les vignerons indépendants suisses et européens reçus à Bruxelles

Article paru sur le site AGRI (21 mai 2010)

 

La Confédération européenne des vignerons indépendants (CEVI) a organisé une rencontre avec le nouveau commissaire à l'Agriculture Dacian Ciolos afin de se présenter et de poser quelques questions, entre autres, sur la future Politique agricole commune.

Le président Xavier de Volontat (F) a évoqué la représentativité de la CEVI et expliqué l'importance du vigneron indépendant dans la filière vitivinicole, seul acteur transversal de la branche, puisqu'il s'occupe de la vigne, de la vinification et de la commercialisation de ses vins.

La Genevoise Claude Bocquet-Thonney, vice-présidente de la CEVI et présidente de l'Association suisse des vignerons-encaveurs indépendants (ASVEI), a ensuite présenté les huit fédérations de cette jeune association née en 2002: Vignerons indépendants de France; Association suisse des vignerons-encaveurs indépendants; Fédération nationale des vignerons indépendants du Portugal; Organisation professionnelle des vignerons indépendants de la Moselle luxembourgeoise; Association hongroise des vignerons indépendants; Bodegas familiares de Rioja; Family estate Slovenie; Fédération italienne des vignerons indépendants.

Suisse-UE: des précurseurs

La CEVI a également établi des contacts étroits et privilégiés avec les vignerons indépendants de tous les pays d'Europe, particulièrement la Grèce, la Bulgarie et la Croatie. La présence des vignerons suisses dans cette association européenne surprend toujours les interlocuteurs. Claude Bocquet-Thonney a répondu aux remarques en expliquant que les vignerons indépendants étaient des précurseurs !

Elle a expliqué que l'objectif de la CEVI était la défense d'un métier et d'une philosophie: le savoir-faire et la passion des vignerons indépendants, entrepreneurs à la tête d'exploitations familiales qui élaborent et commercialisent des vins authentiques et personnalisés. A noter que la CEVI est également partenaire de Wine in Moderation, qui promeut une consommation responsable du vin.

Revendications et interrogations

Michel Issaly, trésorier de la CEVI et président des Vignerons indépendants de France, a fait état des revendications et interrogations des vignerons indépendants européens pour le futur.

  • Le souhait que la CEVI participe à la réflexion sur l'après-2013 par le biais de travaux et de réunions, afin de prendre en compte l'ensemble du paysage professionnel viticole européen. En effet, de nombreux défis attendent les vignerons par rapport à l'équilibre alimentaire et l'environnement, alors qu'en ce moment, l'environnement économique est particulièrement instable et les prix volatils.
  • Le maintien de la réglementation spécifique concernant l'étiquetage (l'exemption d'étiquetages des calories et des ingrédients pour le vin).
  • Le maintien des droits de plantations de la vigne (ces droits doivent être supprimés en 2015 avec possibilité de prolonger jusqu'en 2018) afin de ne pas déséquilibrer le marché du vin.
  • La possibilité d'utiliser les enveloppes budgétaires européennes pour faire de la promotion également au sein de l'Union européenne et non pas seulement pour les pays hors UE comme c'est le cas actuellement.
  • La mise à disposition d'un budget identique au précédent dans la nouvelle PAC pour la branche vitivinicole.
  • La reconnaissance de la particularité du vin qui doit être considéré comme une exception culturelle européenne. En effet, l'histoire même du Vieux continent est intimement liée à l'histoire du vin. Que ce soit en termes de territoires, de terroirs, de savoir-faire, de particularismes nationaux, de ce fameux «art de vivre» que le Nouveau monde nous envie. Or, la réforme de la PAC (Politique agricole commune) prévoit de mettre fin à la spécificité viticole !

SP-AGRI

 

Dacian Ciolos a répondu aux questions

Prenant la parole, le commissaire à l'Agriculture Dacian Ciolos a remercié les participants d'être venus et a indiqué qu'il connaissait la problématique de la viticulture, car en tant qu'ingénieur horticole roumain, la viticulture faisait partie de ses attributions.

Il a fait remarquer que les entreprises indépendantes s'adaptaient plus facilement à la situation des marchés et que cette facilité était un de leurs points forts. Il a indiqué que les petites et moyennes entreprises avaient le rôle important d'entretenir et d'occuper l'espace sur les territoires.

Pour des mesures spécifiques

Il a ensuite répondu point par point aux attentes de la CEVI.

  • Il a assuré qu'il était conscient de l'importance des exploitations familiales pour l'agriculture en général et pas seulement pour la viticulture. Il a informé qu'il avait lancé une consultation populaire afin d'avoir l'avis de tous sur le futur de la PAC et que les conclusions de cette consultation seront présentées aux alentours du 19 juin.

  • Pour ce qui est du mécanisme spécifique au vin, il a précisé que, certes, il y a une OCM (Organisation commune de marché) unique, mais qu'il s'agit surtout d'une unicité d'un point de vue administratif. Il n'a pas l'intention d'affaiblir la filière vin par ce biais; bien au contraire, il envisage des adaptations pour la renforcer.

  • Quant aux droits de plantations, il a rappelé le calendrier (2015 puis 2018) en précisant qu'il ne sera plus à son poste au moment de la libéralisation des droits de plantations, et ce même s'il faisait deux mandats. Il a insisté sur le fait qu'il faut attendre de voir comment cela évolue.

  • En ce qui concerne les situations de crise, il existe des mécanismes pour tous les secteurs, il s'agit-là de l'une de ses priorités. Par rapport à la volatilité des prix, il a fait état de sa volonté de sécuriser le marché.

  • A propos du budget, il a indiqué qu'il fallait d'abord voir quel sera le budget global pour l'agriculture avant d'avoir une idée du budget alloué à la viticulture. Il est cependant conscient que pour les secteurs comme ceux du vin et du lait, des mesures spécifiques s'imposent, avec la mise en œuvre d'adaptations.

  • Enfin, en ce qui concerne la politique de promotion, il va voir s'il l'inclura dans la PAC 2013. Il réfléchit à la question, qui est à mettre en parallèle avec la politique de qualité des produits agricoles. Il faut des instruments importants pour consolider cela, mais il s'interroge sur comment mettre en œuvre cette politique de promotion. Faut-il en faire plus sur le marché intérieur ?Comment prendre en compte la question de la concurrence déloyale?

Le président de la CEVI Xavier de Volontat a alors insisté sur le fait que le circuit court pour les entreprises de vignerons indépendants ne se limite pas à un rayon de 50 km autour de la propriété, mais qu'il concerne le marché interne européen. Dacian Ciolos a terminé l'entretien en indiquant que la CEVI pouvait faire part, par écrit, de ses idées et propositions par rapport à certains dossiers. Avant de quitter le bureau du Commissaire à l'Agriculture, Claude Bocquet-Thonney lui a offert des bouteilles de vin suisse ainsi que des chocolats d'un artisan renommé, et lui a proposé de lui faire découvrir le vignoble suisse à l'occasion d'une de ses visites dans notre pays...

 

Agri-S